ULISSE ALDROVANDI
Vie
Son père est le comte Teseo Aldrovandi, notaire et secrétaire au sénat de Bologne, sa mère, Veronica Marescalchi, est cousine d'Ugo Boncompagni (qui deviendra plus tard pape sous le nom de Grégoire XIII).
Orphelin de bonne heure (1529), il reçoit une première éducation par des précepteurs privés. Il étudie l'arithmétique auprès d'Annibale della Nave et, en 1537, devient comptable auprès d'un marchand de Brescia pendant un an. Il entreprend alors un voyage qui le mène de Rome à Saint-Jacques de Compostelle.
De retour à Bologne en 1539, sous la pression de sa famille, il abandonne ses projets de voyage pour suivre les enseignements des humanités et du droit dans les universités de Bologne et de Padoue et devient notaire en 1542.
Aldrovandi abandonne le notariat en 1547 pour se consacrer à ses centres d'intérêts. Il se tourne tout d'abord vers la philosophie et la logique avant de s'intéresser également à la médecine.
Ses publications
À partir de 1570, Aldrovandi va publier de nombreux livres où il expose ses découvertes. Il continue l'étude des matières médicales tout en faisant régulièrement des excursions pour étudier la nature qu'il y rencontre. Il fait régulièrement paraître des ouvrages tandis que son cabinet de curiosités s'accroît régulièrement, il comptera plus de 18 000 pièces à la fin de sa vie.
Il forme un grand projet pour l'édition d'une vaste encyclopédie d'histoire naturelle. Il signe en 1594, un contrat avec l'éditeur vénitien Francesco de Franceschi. Mais la faillite de celui-ci empêche l'édition de cette encyclopédie, seuls trois volumes d'ornithologie et un d'entomologie paraissent du vivant d'Aldrovandi.
Aldrovandi lègue à sa mort 3 600 livres imprimés et environ 300 manuscrits au sénat de Bologne, qui a en charge de les conserver dans un endroit adapté. Un muséum sera créé en 1617 et recevra, outre les collections d'Aldrovandi, son herbier de plus de 7 000 spécimens.
Son œuvre apparaît aujourd'hui, en regard de nos critères, comme totalement désuète et sans intérêt. Georges Cuvier dira d'elle que c'est «une immense compilation sans goût ni génie» et que si on supprimait tous les passages inutiles, il n'en resterait qu'un dixième. Pourtant, Aldrovandi, avec d'autres scientifiques de son temps, va constituer une étape importante dans l'émergence de la science biologique moderne.
Critique
Dans Les Mots et les choses (p. 54-55 et 141), Michel Foucault traite l'œuvre d'Aldrovandi comme caractéristique du système de pensée de la Renaissance. En particulier, cet auteur lui sert de levier pour montrer que son travail scientifique n'était pas moins rigoureux que celui de Buffon, mais reposait seulement sur une autre disposition fondamentale du savoir, ou épistémè. Ce qui a changé, de l'un à l'autre, n'est pas le degré de rigueur scientifique, mais le type de discours qu'on attendait d'un scientifique, la conception de l'ordre.