HENRI BREUIL
Breuil et l’art pariétal
En 1901, avec Louis Capitan et Denis Peyrony, il participe à la découverte de deux grottes ornées majeures de Dordogne, les Combarelles et Font-de-Gaume. Il commence à réaliser des relevés des gravures de la première et des peintures et gravures de la deuxième. En 1902, Émile Cartailhac le convie à étudier les peintures de Marsoulas et d’Altamira. Dès lors il va participer à l’étude de nombreux sites ornés, en France (le Tuc-d’Audoubert, les Trois-Frères, Rouffignac), en Espagne mais aussi en Afrique du Sud. Il sera notamment le premier préhistorien à visiter et décrire la grotte de Lascaux.
Ses études vont lui permettre d'être reconnu désormais comme le spécialiste international de l'art pariétal préhistorique et en 1929, une chaire au Collège de France sera créée spécialement pour lui, et en 1935, il obtient la première chaire du genre à l'Université de Bordeaux.
Son ouvrage majeur, « Quatre cent siècles d'art pariétal », paru en 1952, dresse pour la première fois un panorama de l'art pariétal paléolithique franco-cantabrique connu à l'époque et lui confère une autorité mondiale. Ce livre est l'aboutissement de plus de 700 jours d’études sous terre. L'abbé Breuil s'attache avant tout à relever et à décrire minutieusement les œuvres paléolithiques et à en préciser la chronologie.
Breuil et les industries préhistoriques
Sa contribution majeure concernant les industries lithiques reste sa révision de stratigraphies de références du Paléolithique supérieur et la restitution en 1906 de la véritable position de l’Aurignacien dans la chronologie de cette période, au terme d'une étude méthodique de l'outillage lithique et osseux d'Europe en stratigraphie menée depuis 1905.
Sa passion le conduit à s’intéresser à toutes les formes de la culture matérielle paléolithique, toutes périodes confondues. Avec le père Pierre Teilhard de Chardin, exilé en Chine dans les années 1930, il participe aux recherches concernant le Sinanthrope à Zhoukoudian en Chine.
Breuil et l'Afrique
Ses nombreux voyages en Afrique lui permettent de se lier à sir Ernest Oppenheimer, alors leader mondial de l'industrie de l'or et du diamant. Il peut examiner de nombreuses collections et livrer les premières publications synthétiques traitant de la Préhistoire africaine.
En Afrique du Sud, il prend une part importante au développement académique de la discipline et est même élu Président de la South African Archeological Society. Il se lie d'amitié avec le maréchal Jan Smuts, grâce à qui il obtient les moyens financiers et logistiques de ses expéditions. Plus tard, il se lie avec l'anthropologue sud-africain Philip Tobias.
En 1918, le prospecteur et topographe allemand Reinhard Maack découvre sur une paroi rocheuse, une importante fresque rupestre, dans les monts du Brandberg (2 573 m), le plus haut massif montagneux de Namibie. En 1947, l'abbé Breuil visite cette découverte dont le personnage central, qu'il appelle la « dame blanche », le hante depuis qu'il a appris son existence dix-huit ans auparavant.
Des pratiques discutables
L'œuvre de pionnier de H. Breuil reste immense même si nombre de ses théories et de ses interprétations ont été infirmées par les analyses ou les études ultérieures. Il est également possible aujourd'hui, avec le recul, d'émettre des réserves quant à certaines de ses méthodes, parfois approximatives, ses préjugés dont certains seraient aujourd'hui qualifiés de racistes, ses discours scientifiques fortement imprégnés d'une mythologie populaire, sa douteuse omniscience, son refus d'admettre l'erreur et son souci de se construire une image flatteuse pour la postérité.