GASTON FEBUS (Gaston III de Foix-Béarn)
Biographie
Gaston II étant mort à Séville, Gaston III succéde très jeune (12 ans) à son père en 1343 sur des territoires morcelés : à l'ouest, les vicomtés de Béarn (situé de nos jours dans les Pyrénées-Atlantiques), de Marsan et de Gabardan (actuellement dans les Landes et le Gers) ; à l'est, le comté de Foix (actuellement l'Ariège), les Basses-terres albigeoises (une partie du Tarn actuel) et le Lautrec ; au milieu, le Nébouzan, autour de Saint-Gaudens (dans la Haute-Garonne). Sa mère assure la régence jusqu'à ses 14 ans.
Pour les possessions occidentales, Gaston III doit donc hommage au roi d'Angleterre, Édouard III, duc de Gascogne, et, pour les possessions orientales, au roi de France, Philippe VI de Valois. Cette disposition particulière conduisit les rois rivaux de France et d'Angleterre à ménager le comte de Foix pour éviter qu'il ne passe dans l'autre camp. Avec cette stratégie, Gaston Fébus parvient à rester assez neutre. Ses domaines furent donc relativement épargnés des désastres de la Guerre de Cent Ans.
Lorsque celle-ci éclate, Gaston III n'y participe pas et, le 26 septembre 1347, il déclare que le Béarn est neutre dans ce conflit et qu'il ne tient son pays que de Dieu et de son épée.
[...]
La vie de Gaston se passe dans des guerres continuelles ; il fait ses premières armes en 1345 contre les Anglais, part en 1356 en Prusse pour combattre les Païens dans les rangs des Chevaliers Teutoniques; contribue en 1358, pendant la Jacquerie, à la délivrance de la cour de Meaux et combat le comte d'Armagnac, qui manifeste des prétentions sur le Béarn (1372), ainsi que le duc de Berry, qui lui a enlevé le titre de lieutenant du Languedoc (1375).
Il s'illustre par sa valeur et sa magnificence; mais on lui reproche un caractère violent et on l'accuse d'avoir causé la mort de son propre fils : ce jeune prince, accusé d'avoir voulu empoisonner son père à l'instigation de Charles le Mauvais, est emprisonné. Au cours d'une visite qu'il rend à son fils, Fébus perd son sang-froid et lui porte un coup mortel à la gorge, faisant ainsi disparaître son seul héritier direct (1382).
Il demande un recensement des feux (« foecs ») du Béarn, que l’on appelle le « Dénombrement de 1385 ». Il impose alors un impôt par foyer, qui sera levé chaque année.
Il meurt au cours d’une chasse à l’ours, à L'Hôpital-d'Orion (prés de Sauveterre-de-Béarn), frappé d’apoplexie, à l’âge de 60 ans, le 1er août 1391. La branche cadette des Foix-Béarn recueillit la succession et assura la survie de son œuvre.
Bibliographie
Il est considéré comme un des plus grands chasseurs de son temps et écrit un livre qui fera référence : le « Livre de chasse », un des meilleurs traités médiévaux consacrés aux techniques de chasse, gibiers, et chiens de chasse (alans, dogues ...). L'ouvrage, dicté à un copiste de 1387 à 1389, est écrit en français alors que la langue maternelle du comte de Foix était la langue d'Oc. Le livre restera le grand classique des ouvrages consacrés à la chasse pendant des siècles et Buffon l'utilisera encore à la fin du XVIIIe siècle.
[...]On a de lui un livre sur la chasse intitulé : Miroir de Phébus, des déduis de la chasse des bestes sauvaiges et des oyseaux de proye, en prose, imprimé à Poitiers, 1560, in-folio. Selon le Dictionnaire Bouillet, c'est du style emphatique et embrouillé de cet ouvrage qu'est, dit-on, venue l'expression faire du Phébus.