JEAN-BAPTISTE DE LAMARCK
La théorie de la transmission des caractères acquis
Une des nombreuses légendes qui émaillent l'histoire de la biologie fait de Lamarck l'auteur d'une « théorie de la transmission des caractères acquis ». Or il n'en est rien. La transmission des caractères acquis était admise comme une évidence depuis Aristote et jusqu'à August Weismann qui à la fin du XIXe siècle la rejetera plus pour des raisons théoriques qu'il ne la réfutera expérimentalement. Lamarck n'a, pas plus que ces prédécesseurs, théorisé cette transmission, il n'a fait que l'intégrer à sa propre théorie de l'évolution.
En examinant des petits mollusques fossiles il constate une modification au cours des âges de leurs caractéristiques physiques. Il est l'un des premiers à s'interroger officiellement sur ce facteur.
Sa thèse sur l'évolution est que les individus s'adaptent pendant leur vie notamment en utilisant plus ou moins certaines fonctions organiques, qui se développent ou s'atténuent en rapport avec l'usage ou le non usage des organes.
L'incompréhension du principe d'adaptation, c'est à dire l'amalgame entre les caractères acquis et subis joue contre lui, et on voit apparaître des questions comme par exemple ce qui se passe pour certaines ethnies ou civilisations qui pratiqu(ai)ent des modifications corporelles systématiques sur leurs individus alors que nous constatons que ces modifications ne sont pas transmises à leur descendance.
Charles Darwin a fait peu de cas des idées de Lamarck. Avec d'autres darwiniens qui lui succèderont, il contribuera grandement à déconsidérer Lamarck aux yeux des biologistes et à forger les légendes qui l'entourent. C'est à Lamarck que l'on doit une véritable Théorie de l'évolution des espèces et non à Darwin qui ne fit que formaliser le mécanisme de la variation aléatoire et de la sélection naturelle à partir duquel les darwiniens forgèrent une théorie en étendant abusivement ce mécanisme à tout le vivant.
Retenons que Lamarck, qui fut un très grand connaisseur du vivant, un naturaliste comme on les appelait à l'époque, fut aussi un grand innovateur en affirmant, en 1809, dans Philosophie zoologique, livre où il développe sa théorie transformiste, que les organismes évoluaient.
Une des erreurs de Lamarck sur sa version de la théorie de l'évolution fut d'énoncer que l'hérédité des caractères acquis se faisait comme suit : une girafe qui étirait son cou toute sa vie pour atteindre les branches d'un arbre aurait une descendance avec un cou plus long. Voici ce qu'écrit Lamarck à ce propos :
« Relativement aux habitudes, il est curieux d'en observer le produit dans la forme particulière et la taille de la giraffe (camelo-pardalis) : on sait que cet animal, le plus grand des mammifères, habite l'intérieur de l'Afrique, et qu'il vit dans des lieux où la terre, presque toujours aride et sans herbage, l'oblige de brouter le feuillage des arbres, et de s' efforcer continuellement d' y atteindre. Il est résulté de cette habitude, soutenue, depuis long-temps, dans tous les individus de sa race, que ses jambes de devant sont devenues plus longues que celles de derrière, et que son col s'est tellement allongé, que la giraffe, sans se dresser sur les jambes de derrière, élève sa tête et atteint à six mètres de hauteur (près de vingt pieds). » [PZ, p. 256]